Spider-Man, le guide de lecture

Par Jeffzewanderer
Le principal obstacle quand on veut se lancer dans la lecture des comics, c’est ce sentiment que 50 à 75 ans d’histoire vous contemple du haut de la pile d’histoires accumulées au fil du temps. S’il est vrai qu’on peut facilement se perdre parmi les mille et unes histoires des personnages les plus anciens, cet Everest littéraire est loin d’être infranchissable.
Voila pourquoi, pour vous aider à vous y retrouver, Comic Talk va lancer une série de guide de lecture, présentant une dizaine d’histoires à découvrir par genre ou par personnages. Ce projet est mené main dans la main avec la librairie Central Comics, dont l’appli est en cours d’élaboration et sur laquelle vous retrouverez tous les guides de cette série.
Afin d’être accessible au plus grand nombre, tous les titres de ces guides sont disponibles en V.F. et a priori commandables (ou à défaut pas trop difficiles à trouver) chez tout bon libraire.
Enfin précisons que ces listes sont, comme toute liste, éminemment subjectives, le reflet des goûts de leur auteur, et ne demandent qu’à être enrichies par vos expériences personnelles.
Personnage le plus iconique de la Maison des Idées, Spider-Man est l’archétype du héros auquel le lecteur peut s’identifier. Un peu loser, gouailleur, courageux et surtout profondément humain, il tisse sa toile entre aventure urbaine et fresques épiques. L’ordre de lecture des titres listés ici n’est qu’une suggestion. L’idée était de proposer une expérience de lecture agréable, permettant de se familiariser progressivement avec le personnage, sans s’embarrasser de continuité. Mais libre à vous de remixer tout ça.
Spider-Man : Brand New Day (Un jour Nouveau)
par Dan Slott, Marc Guggenheim, Steve McNiven, Sal Larrocca, Phil Jimenez
Il était une fois Marvel qui voulait donner un coup de jeune à son héros emblématique. La méthode, un reboot/retcon qui ne disait pas son nom, a fait jaser. Le résultat a, par contre, fait l’unanimité. Une kyrielle de scénaristes (Marc Guggenheim, Dan Slott…) et de dessinateurs (Steve McNiven, Sal Larrocca, Phil Jimenez) a enchaîné des arcs courts, avec de nouveaux vilains dont certains ont depuis fait leur trou (Mr Negative). Les fans de longue date ont fait grand cas des éléments de continuité modifié/supprimé, mais ce qu’il faut surtout retenir c’est la qualité des histoires, qui combinent parfaitement action, humour, équilibre entre la vie civile et supér-héroïque de Peter Parker, un bon supporting cast et de réels enjeux. Bref, l’archétype de tout ce qu’une bonne histoire de Spidey doit être, sauce XXIème siècle.
Ultimate Spider-Man
par Brian Bendis et Mark Bagley
En 2000, Marvel a voulu donner un coup de jeunes à ses héros. Pour ça, la maison des idées a créé l’univers Ultimate, où les héros classiques étaient réinventés comme s’ils avaient été créés au XXIème siècle. Fer de lance de ce projet, Ultimate Spider-Man par Brian Bendis et Mark Bagley est devenu un classique moderne. Cette série est une véritable master class sur comment écrire Spider-Man. Peter Parker et ses galères sont aussi intéressants que celles de son alter ego masqué, les dialogues sont percutants, justes et naturels, l’humour vraiment drôle, l’action spectaculaire, l’émotion intense… Les vilains classiques réinventés eux aussi sont nombreux, variés et marquants. Si vous connaissez Spidey, voir son univers réinventé est une joie supplémentaire. Si vous le découvrez, vous ne pourrez vous en forger une meilleure image qu’à travers cette série.
Ultimate Spider-Man (Miles Morales)
par Brian Bendis, Sara Pichelli, David Marquez
Univers parallèle créé au début des années 2000 pour réinventer les héros Marvel sauce XXIème siècle, l’univers Ultimate a eu son Peter Parker/Spider-Man. Puis il a eu Miles Morales. Jeune homme dont la presse a surtout retenu qu’il était noir et latino, Miles est amené à reprendre le rôle de Spider-Man. On aurait pu crier à l’hérésie tant le nom de Spider-Man est plus qu’un titre qu’on se passe. Mais Brian Bendis, le scénariste qui avait déjà créé Ultimate Spider-Man, réussit encore une fois un coup de maître. Miles n’est pas Peter, mais il est Spider-Man. Jeune héros tiraillé entre sa vie civile et ses responsabilités super-héroïques, secondé par son meilleur ami Ganke, drôle, galérien, il est aussi attachant que le premier tisseur. Un succès qui lui a même valu d’être rapatrié dans l’univers Marvel classique, où il continue ses aventures.
Spider-Man – Tome 1 : Amazing Spider-Man par McFarlane
Par David Micheline et Todd McFarlane
Si on vous demandait de décrire Spider-Man en action, vous parleriez sans doute d’un héros aux poses acrobatiques qui se balance et cabriole au bout de sa toile. Cette image, on la doit à Todd McFarlane, dessinateur qui officia dans les pages d’Amazing Spider-Man au cours des années 90 (avant d’avoir droit d’écrire et dessiner sa propre série sobrement intitulée Spider-Man). Grands yeux sur le masque, poses tordues, toiles abondantes qui s’entremêlent, le trait de l’artiste a conféré à Spidey un dynamisme jamais vu jusque-là et imité depuis. Mais cette période offre aussi des histoires sympathiques par David Michelinie, dont la plus marquante est sûrement celle qui a vu apparaître Venom, vilain parmi les plus iconiques dans la galerie bien fournie du tisseur. C’est aussi l’occasion de voir un Peter toujours en galère filer quand même le parfait amour avec Mary Jane, alors son épouse. Une autre époque, mais qui a son charme
Spider-Man par Straczynski
par Joe Straczynski et John Romita Jr
Comme tous les héros, Spider-Man n’a pas connu que des périodes dorées au fil des orientations scénaristiques et éditoriales. C’est lors d’une telle période de creux que Joe Straczynski, scénariste accompli à la TV qui venait de se lancer brillamment dans les comics, a repris les rennes de la série avec le vétéran John Romita Jr au dessin (jamais aussi bon). Le résultat a été une réussite totale. Iconoclaste lorsqu’il introduit un aspect totémique des pouvoirs de Spidey, le scénariste est par contre hyper respectueux de tous les éléments essentiels du héros : humour, courage, et surtout humanité. Il redonne naturellement le sourire à un Peter qui avait viré limite dépressif, et aux fans par la même occasion. Les relations entre les personnages sont soignées (Peter et sa tante notamment, mais aussi avec Mary Jane…), de nouveaux vilains sont créés (Morlun…) et la série alterne parfaitement drame épique et tranche de vie.
Spider-Island
par Dan Slott et Humberto Ramos
Héros urbain s’il en est, Spider-Man est un personnage qui a souvent un peu de mal avec les events, où il fait vite dépassé, peu à sa place. Mais toute règle a ses exceptions, et Spider-Island en est une superbe. Le pitch : les habitants de Manhattan se retrouvent subitement dotés des pouvoirs de Spider-Man. Le résultat : un chaos indescriptible, un vilain qui manipule tout ça, des personnages issus des heures peu glorieuses du passé du tisseur réinventés et au blason redoré, et une Mary Jane sans doute jamais aussi bien exploitée. L’event, écrit par Dan Slott, est parfaitement mené, spectaculaire, et surtout ne se perd pas en vaines digressions. Le dessin d’Humberto Ramos est hyper dynamique, un peu cartoonesque, et donne le ton d’un event qui sait alterner entre légèreté et réels enjeux dramatiques et action épique.
Spider-Verse
par Dan Slott et Olivier Coipel
Tous les Spider-Men. Voilà en gros le pitch de cet event qui oppose les tisseurs des toutes les dimensions à une famille de vilains bien décidée à les éradiquer. Véritable fantasme de gamin sous acide quand on voit certaines versions du héros (Spider-Punk, Peter Porker The Spectacular Spider-Ham…) cette histoire nous a aussi offert un des meilleurs dérivés de Spidey en la personne de la pétillante Spider-Gwen. Mais surtout c’est une histoire fun écrite par Dan Slott, qu’on peut lire sans forcément connaître tout l’univers de Spider-Man. Les relations entre les divers Spider-Men offrent leur lot de moments savoureux, tantôt drôle, tantôt poignants quand Peter est confronté à ce qui aurait pu être. L’action est omniprésente et le rythme soutenu, et le dessin d’Olivier Coipel est un régal pour les yeux.
Spider-Man : Family Business
par Mark Waid, James Robinson, Gabriele Dell’Oto et Wertther Dell’Edera
Deux choses marchent en général mal dans les histoires de Spider-Man : les enjeux qui dépassent le héros genre super espionnage international, et les grands bouleversements personnels et familiaux. Ce graphic novel est donc un défi aux conventions, puisque Peter Parker et sa sœur sortie de nulle part se retrouvent embarqués dans un grand complot à jouer les James Bond avec le criminel Wilson Fisk alias le Caïd en arrière-plan. Si l’histoire de Mark Waid et James Robinson fonctionne aussi bien, c’est parce que l’auteur n’hésite pas à jouer sur le fait que Peter ne se sent justement pas à sa place dans cette aventure, et surtout il crée une intrigue rusée où les rebondissements viennent à point nommé. Les superbes peintures du très rare Gabriele Dell’Otto constituent aussi un atout non négligeable.
Intégrale Spider-Man 1966-1967
par Stan Lee et John Romita et Steve Ditko
Pour à peu près tous les personnages un peu anciens, on peut identifier une période, un run emblématique, qui les ont définis. Un pan de leur histoire qui nous a donné tous les éléments à l’aune desquels tout le reste sera jugé, évalué, comparé. Pour Spider-Man, il ne faut pas chercher plus loin que le run de Stan Lee et John Romita. Le premier est le co-créateur du personnage, le second a succédé à Steve Ditko (autre co-créateur) au dessin. Et à eux deux ils ont introduit ou développé tout ce qui fait que Spidey est Spidey. Et même que Peter Parker est cet exemple parfait de l’everyman, le héros humain par excellence. Il y a tout dans ce run : relations qui ont forgé le héros, qu’il s’agisse d’amis (Harry Osborn…) ou de grand amour (Gwen Stacy…), drames personnels, humour, action, des vilains variés et diaboliques. Les dessins de John Romita sont quant à eux des classiques intemporels (et ceux de Ditko ne sont pas non plus sans intérêt).
Spider-Men
par Brian Bendis et Sara Pichelli
Peter Parker et Miles Morales, deux héros portant tous deux le nom de Spider-Man, qui cohabitent aujourd’hui dans l’univers Marvel. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. A l’origine, si Peter était déjà le Spidey de l’univers Marvel « classique », Miles était celui de sa version « Ultimate » (un univers parallèle créé au début des années 2000 pour donner un coup de jeune aux héros). Et Spider-Men, c’est l’histoire de leur rencontre. La mésaventure qui amène les deux héros à se rencontrer est assez sympathique, mais elle reste un prétexte pour donner lieu à une rencontre qui est le principal attrait de cette mini série. Il est en effet amusant et souvent touchant de voir Peter Parker découvrir un univers à la fois inconnu et pourtant familier par bien des aspects. Quant à Miles, c’est l’occasion pour lui de se retrouver face à son inspiration de manière inattendue. Peut-être à plutôt lire quand on connaît un peu les deux personnages pour mieux apprécier tous les clins d’œil.
Bonjour,
Moi qui est arrêté de lire le comics fin des années80, j’ai du mal avec certains styles de dessins.
Si je devais acheter un comics autour de Spidey, je ne sais pas lequel prendre, parmi ceux que vous présentez là.
Je suppose que vous connaissez déjà les histoires des intégrales, dont le dessin old school pourrait vous plaire. Du coup je pourrais aussi vous conseiller le tome 2 d’Un Jour Nouveau, où Marcos Martin assure le dessin, le style rétro ligne clair pourrait vous plaire. Après, dans les séries modernes, la colorisation change toujours beaucoup les choses par rapport au graphisme des années 80 et avant. Sinon le trvail de Mark Bagley sur Ultimate Spider-Man est quand même très efficace et d’inspiration classique, c’est ce que je conseillerais en priorité.